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La langue bretonne, qui suscite tant de passion et d’intérêt, est un trésor linguistique dont l’histoire et l’évolution sont étroitement liées à celles de la Bretagne et de ses habitants.
Nous allons nous plonger au cœur des origines de cette langue fascinante, en retraçant son développement depuis ses balbutiements jusqu’à sa place dans la société moderne.
Nous explorerons les sources historiques et linguistiques qui ont contribué à façonner le breton, ainsi que les influences culturelles et politiques qui ont marqué son parcours.
A travers cette étude exhaustive, nous chercherons à mieux comprendre la richesse et la diversité de cette langue unique, et à dévoiler les secrets de son histoire millénaire.
Des racines celtiques profondément ancrées
Découvrir les origines de la langue bretonne nécessite de remonter dans le temps, jusqu’à l’époque des Celtes et de leur expansion en Europe.
- Le breton est, en effet, une langue celtique qui trouve ses racines dans la famille des langues indo-européennes. Plus précisément, elle appartient au groupe des langues celtiques insulaires, qui comprend le gaélique (irlandais et écossais) et le gallois. L’ancêtre commun de ces langues, le celtique insulaire, serait apparu autour de 800 av. J.-C., à une époque où les Celtes dominaient une grande partie de l’Europe continentale et insulaire.
- Le breton a ainsi hérité de certains traits caractéristiques des langues celtiques, tels que la mutation consonantique, l’importance accordée à l’ordre des mots et l’usage de préfixes et suffixes pour exprimer les nuances de sens. On retrouve dans le breton un certain nombre de mots d’origine celtique, tels que « korn » (corne), « torf » (tourbe) ou « men » (pierre).
- Toutefois, le breton a subi au fil du temps des influences diverses, notamment celles du latin et du français, qui ont contribué à enrichir son vocabulaire et à modeler sa structure grammaticale. Ainsi, bien que le breton ait conservé une identité linguistique propre et distincte, il a intégré de nombreux éléments empruntés à d’autres langues, témoignant de la complexité de son histoire et de son évolution.
La grande migration des Bretons et la naissance de la langue bretonne
Comprendre comment le breton s’est développé en tant que langue distincte implique de s’intéresser à l’histoire des migrations des Bretons, et notamment à l’invasion de la Grande-Bretagne par les Anglo-Saxons.
- La migration des Bretons en Armorique (aujourd’hui la Bretagne) : Au cours du Ve siècle, les îles Britanniques connaissent de profonds bouleversements. Les Romains, qui dominaient la Grande-Bretagne depuis près de quatre siècles, se retirent progressivement de l’île, laissant derrière eux un vide politique et militaire. Cette situation favorise l’arrivée des Anglo-Saxons, peuple germanique venu du continent, qui envahissent progressivement le territoire britannique. Face à cette invasion, de nombreux habitants de la Grande-Bretagne, principalement d’origine celtique, décident de fuir vers l’Armorique, une région située à l’ouest de la Gaule (aujourd’hui la France) et qui deviendra plus tard la Bretagne.
- La naissance de la langue bretonne : Ces migrants, appelés les Bretons, parlent alors diverses langues celtiques, dont certaines sont proches de ce que l’on appellera plus tard le vieux-breton. En s’installant en Armorique, ils se mélangent aux populations locales, notamment les Gaulois, qui parlent eux aussi des langues celtiques. De cette fusion de cultures et de langues naît progressivement une nouvelle langue, le breton, qui se distingue des autres langues celtiques par son vocabulaire, sa phonétique et sa grammaire spécifiques.
Les étapes clés de l’évolution de la langue bretonne
Le breton a connu au fil des siècles plusieurs transformations majeures, qui ont marqué son développement et influencé son usage dans la société bretonne.
Voici les principales étapes de cette évolution :
- Le vieux-breton (Ve – XIe siècles) : Cette première forme de la langue bretonne se caractérise par une grande diversité dialectale, reflétant la multiplicité des influences linguistiques qui ont contribué à sa naissance. Le vieux-breton est principalement attesté par des inscriptions sur des monuments funéraires et des textes religieux, ainsi que par quelques textes juridiques et administratifs.
- Le moyen-breton (XIIe – XVIe siècles) : Cette période est marquée par un essor de la production littéraire en breton, notamment grâce à l’introduction de l’écriture gothique et à la diffusion des manuscrits. Le moyen-breton voit l’apparition d’une certaine standardisation de la langue, avec la création de règles grammaticales et orthographiques destinées à faciliter la communication et la compréhension entre les différents dialectes bretons.
- Le breton moderne (depuis le XVIIe siècle) : Le breton moderne se caractérise par une simplification de la grammaire et de l’orthographe, ainsi que par l’intégration de nombreux emprunts lexicaux, notamment issus du français. Cette évolution est en partie due à l’influence croissante de la langue française en Bretagne, qui devient progressivement la langue officielle de l’administration, de l’éducation et de la culture. En dépit de cette domination, le breton continue néanmoins de se développer et de se diversifier, notamment grâce à la vitalité de la production littéraire et à l’engagement des locuteurs bretons pour préserver et promouvoir leur langue.
Le breton aujourd’hui : entre résistance et renouveau
La situation du breton dans la société contemporaine est marquée par un paradoxe : d’un côté, la langue est en déclin, en raison notamment de la diminution du nombre de locuteurs et de la prédominance du français ; de l’autre, elle fait l’objet d’un intérêt croissant et d’une volonté de revitalisation, portée par des initiatives culturelles, éducatives et politiques.
- Le déclin du breton : Depuis le XIXe siècle, le breton a connu une baisse constante du nombre de locuteurs, passant de près d’un million au début du XXe siècle à environ 200 000 aujourd’hui. Ce déclin s’explique en grande partie par la politique linguistique française, qui a longtemps favorisé l’assimilation et l’uniformisation au détriment des langues régionales. De plus, la langue bretonne a souffert d’un manque de transmission intergénérationnelle, de nombreux parents ayant choisi de ne pas transmettre le breton à leurs enfants, par crainte de les pénaliser socialement ou professionnellement.
- La revitalisation du breton : Face à ce déclin, un mouvement de résistance et de renouveau s’est organisé en Bretagne, visant à préserver et à promouvoir la langue bretonne. Celui-ci se manifeste notamment par la création d’écoles bilingues français-breton (appelées Diwan), l’élaboration de programmes d’enseignement du breton pour adultes, la diffusion de médias en breton (radio, télévision, presse écrite) et le soutien à la production littéraire et artistique en langue bretonne. Parallèlement, des efforts sont entrepris pour normaliser et moderniser le breton, afin de l’adapter aux enjeux du XXIe siècle.
- Le breton à l’épreuve de la mondialisation : Si la revitalisation du breton témoigne d’une volonté de résistance face à l’hégémonie culturelle et linguistique française, elle doit composer avec les défis posés par la mondialisation et l’essor des nouvelles technologies. Ainsi, le breton doit trouver sa place dans un monde où l’anglais domine de plus en plus les échanges internationaux et où les langues minoritaires sont souvent marginalisées. Néanmoins, la langue bretonne peut tirer parti des opportunités offertes par le numérique et les réseaux sociaux pour se diffuser et se renforcer, en s’appuyant sur la créativité et l’engagement de ses locuteurs.
L’histoire de la langue bretonne est celle d’une aventure linguistique, culturelle et humaine extraordinaire, qui a su traverser les époques et les épreuves pour conserver son identité et sa richesse. Aujourd’hui, le breton fait face à de nouveaux défis, qui exigent à la fois de préserver son héritage et de se réinventer pour s’adapter à un monde en constante évolution. Cet enjeu est porté par la passion et la détermination des locuteurs bretons, qui continuent de faire vivre et de transmettre leur langue, comme un précieux trésor du patrimoine mondial.
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